Cycle de Conférences de Psychopathologie et de Clinique Psychanalytique 11^ème Année

Service de Pédopsychiatrie du Pr François POINSO – Hôpital Ste Marguerite

270 Boulevard de Sainte Marguerite – 13009 Marseille

Cycle réservé aux professionnels de santé

Jeudi soir à 21 heures

Entrée 5 € – Entrée libre pour les étudiants

Organisation : P. NAVARRI – A. HIBON – T. BEZIAT-LAURENT

Jeudi 29 mars 218

Pr François RICHARD

Discutant : Antoine Hibon

«Travail de la mémoire et interprétation»

Argument

Adrien, environ 45 ans, dépeint un état dépressif et un étrange sentiment de déréalisation. La « parole allongée » et le dispositif des trois séances par semaine génèrent une régrédience topique vers un fonctionnement associatif parfois dissociatif, lorsque surgissent des affects et des représentations plus inquiétants : pertes, évènements traumatiques, ayant pu affecter son image de lui-même jusqu’à lui faire dire qu’il n’avait plus d’image de lui-même. Ce qui me frappe le plus c’est la conjugaison entre de son côté un mixte de souvenirs historiques réels, de souvenirs écrans, d’une mémoire onirique, et de rêveries légèrement hallucinatoires, et de mon côté une attention dont je suppose qu’elle supplée à ce que le patient éprouve comme une déperdition de matière psychique : en arrière fond de la remémoration et de la reconstruction d’une histoire infantile, il va falloir permettre à une négativité de se déployer, ce qui suppose de la part de l’analyste une rétention de certaines interprétations de contenus trop directes pour plutôt intervenir sur les indices d’un possible transfert négatif.

Le travail de la mémoire et son interprétation introduisent à deux moments élaboratifs :

1. Un cauchemar, où il revit une tentative de suicide de son adolescence, se conclue sur « je vais m’écraser contre un mur, je vais dans le mur et je vais mourir » ce que je reprends du côté de son inquiétude sur le fait de savoir si son analyse ne le mènerait pas « dans le mur ».

2. Un refoulement drastique portant sur une grossesse de sa mère lorsqu’il avait deux ans et la naissance d’un frère puîné lorsqu’il avait trois ans, sera interprété en relation aux souvenirs de ses deux premières années où sa mère soit le tient très fermement et très haut dans ses bras, soit le prend dans ses bras pour le recoucher la nuit lorsqu’il venait dans la chambre de ses parents : la naissance de ce frère avait brisé une complétude et une continuité entre le patient et sa mère, il avait perdu alors quelque chose d’essentiel, jusque dans l’étoffe mmême de son moi.

Ces interprétations auront un effet mutatif important.